Bénédicte Radal

Thérapeute psycho-énergéticienne

« Voir la beauté de la nature » Interview de Paul Starosta

Photographe animalier, Paul Starosta a publié de nombreux ouvrages de photographies d’animaux, végétaux et minéraux, et des livres documentaires pour la jeunesse. Un des pionniers dans son domaine, il se définit d’abord comme naturaliste, avant d’être photographe.

Merci à lui pour cette très belle interview où il nous partage sa passion.

D’où vous vient votre vocation de photographier des animaux ?

L'escargot. Livre jeunesse. Paul Starosta

Paul Starosta : Je me suis toujours intéressé à la nature. Quand j’étais enfant, j’observais les animaux pendant des heures, surtout les insectes. Bien que vivant à Paris, je passais tous mes week-ends sur un petit bout de terrain acheté par mes parents en région parisienne. J’ai toujours regardé les fourmis. J’allais pêcher des bestioles que je mettais dans des saladiers, puis je les regardais. J’avais pour livre de chevet le Larousse de l’histoire des animaux en 2 tomes. Il comptait beaucoup pour moi. Je le lisais tout le temps. Il traitait des animaux microscopiques, et allait jusqu’au singe. Il a contribué à ma formation, encore plus que les études que j’ai pu faire ensuite. Et je l’ai encore ! Je me plongeais aussi très souvent dans les livres de photographes animaliers. Au collège, les sciences naturelles étaient ma matière de prédilection. Je voulais être vétérinaire.

Je tiens le goût de la photo de mon père. J’ai utilisé mes premières économies, vers 11 ou 12 ans, pour acheter un petit appareil. Je me souviens très bien du jour où je suis allé au bazar. C’était un petit Kodak en plastique pour enfants.

Ma passion pour la nature et l’observation a perduré. Après le bac, je me suis tout naturellement dirigé vers des études de biologie, tout en continuant à faire de la photo, en ayant évolué dans mon équipement ! Le sujet des animaux était une évidence.

Comment en êtes-vous venu à vous professionnaliser dans la photo naturaliste ?

Un de mes amis, qui faisait aussi de la photo animalière, a décidé d’arrêter ses études pour se lancer professionnellement, alors je l’ai suivi. Je continuais mes études de 3ème cycle mais comme je n’aime pas me sentir lié, je n’aime pas me sentir obligé, j’ai fini par arrêter ma thèse. Ça m’était pénible d’aller au labo tous les jours. Je n’ai jamais regretté mon choix. Je n’ai jamais gagné beaucoup d’argent, mais j’ai toujours eu assez pour vivre. J’ai eu la chance de toujours faire ce que j’aime. C’est du plaisir tout le temps. Je n’ai jamais eu de patron. J’ai toujours choisi ce que je voulais photographier.

Au début, j’ai surtout travaillé pour des manuels scolaires. Comme je connaissais la biologie, je comprenais les attentes des éditeurs. Je photographiais tous les animaux, les cerfs en forêt, etc. Je travaillais aussi un peu pour des revues. Heureusement que mes parents étaient derrière moi car ça ne rapportait rien !

En parallèle, je me consacrais aux insectes, toujours avec la même curiosité d’enfant. Leurs comportements sont compliqués, c’est passionnant à observer. Un jour, des amis d’amis ont vu mes photos et ils ont proposé à leur éditeur suisse de les publier. Ce fut mon premier livre, sur les insectes en général.

Ensuite, j’ai rencontré ma femme à un salon sur les orchidées. Elle est écrivain et auteur dramatique. Et nous avons fait un livre ensemble sur ces fleurs. J’ai continué avec les plantes carnivores. Lors d’un salon des plantes, j’ai repéré un spécialiste et je lui ai proposé le projet de livre.

Je préfère ne traiter qu’un seul sujet à la fois, en profondeur. Je choisis un sujet et je m’y plonge. Je rentre dans un monde, j’apprends, je m’enrichis. Je me documente, j’étudie à fond.

À l’exception des livres pour enfants, où je suis auteur des textes et des photos, c’est un spécialiste qui écrit. On est associé. Je lui donne la direction. J’ai traité toutes sortes de plantes. Après les plantes, j’ai commencé les papillons. J’ai beaucoup publié, un ou deux livres par an aux Éditions du Chêne, quelques livres chez un éditeur d’art à Milan, passionné de nature, puis dans d’autres maisons d’éditions.

Je n’ai jamais été en agence, car je veux savoir où vont mes photos. Je ne veux pas qu’elles soient utilisées dans un contexte qui ne me plaît pas. Je n’aurais jamais accepté qu’une de mes photos apparaisse dans une publicité pour un insecticide, mais j’ai accepté que mes orchidées soient utilisées pour une publicité du centre commercial du Polygone à Montpellier.

On m’avait aussi proposé un livre sur les outils pour un musée. J’ai refusé, même si c’était beau et lucratif : ça m’éloignait de mon travail, ça n’allait pas dans le sens de ma vie. Mon but, c’est la nature.

Vous voulez nous parler de votre façon de travailler ?

Je travaille en studio, j’ai une pièce entière dédiée.

C’est plus simple pour obtenir ce que je veux en termes de lumière et de détails. Avec des petits flashs d’extérieur, je ne peux pas créer ma lumière. On peut avoir de très beaux éclairages dans la nature, mais on ne peut pas faire un livre entier avec 300 photos avec un éclairage optimum en étant très près, c’est une autre ambiance. Dans la nature, les insectes partent en quelques secondes, en studio, je peux choisir le moment où ça déclenche.

Au début, ça me manquait d’être dans la nature, avec de l’espace. C’est comme l’instinct de chasse. Quand on fait de la photo en extérieur, on a ça en nous, on essaye de traquer. Mais je ne tue jamais d’animaux. Ça fait 40 ans que je suis végétarien. Maintenant, je suis tellement passionné par ce que je vois, je trouve ça tellement fascinant que ça me suffit d’être en studio.

Je recrée leur milieu naturel. Quand ce sont des bêtes de petite ou moyenne taille, je les pose. Si elles s’en vont, je les rattrape. Je les connais bien du fait de mes longues observations. Je sais dans quel sens elles vont s’envoler, je prévois comment elles vont partir, sans réfléchir. Je me mets à leur place, je discute avec elles, je les comprends. J’attends qu’elles soient dans la position que je veux, je les observe d’abord, ensuite j’essaie de leur dire « fais comme tu étais tout à l’heure, comme ça », je les dirige un peu, c’est mon travail, ma science…

Est-ce qu’un insecte vous a touché en particulier ?

À mes débuts j’étais passionné par une espèce de guêpe assez élégante, fine rouge et noire très allongée. Elle capture une chenille, la paralyse, l’endort, puis elle creuse un trou dans la terre et la met dedans, et enfin elle referme avec un petit caillou. C’est amusant à observer. Elle pond dessus, les œufs éclosent, ils mangent la chenille en préservant le maximum ce qui est vital. C’est très élaboré, très compliqué, il fallait que je regarde faire, que j’observe, ça m’a passionné longtemps. Je l’ai photographié.

Est-ce que vous voulez nous partager quelques expériences de photo ?

Pour les plantes carnivores, je suis allé chez un horticulteur spécialiste. Je suis allé sur place plusieurs fois, avec tout mon matériel. Il m’installait dans un endroit avec de l’espace et la possibilité de faire du noir.

Pour les papillons, j’ai collaboré avec un spécialiste qui a des serres. Il m’envoyait ses papillons par la poste. Il les mettait dans une pochette entre 2 couches de coton, ils arrivaient le lendemain. Ce n’est pas très agréable pour eux, ils attendent immobiles, mais ils sont vivants, ils ne s’abîment pas, ils n’ont pas mal. Je les lui renvoyais s’il en avait besoin ou je les relâchais. J’en attrapais aussi autour de chez moi, avec des filets à papillon. Depuis tout petit, je fabrique moi-même mes filets à papillon, avec des cintres.

Les papillons exotiques de nuit ont une longue de vie de chenille mais vivent peu de temps en papillon. Comme ils ne vivaient pas assez longtemps pour les renvoyer et que je ne pouvais pas non plus les relâcher dans la nature car il faisait trop froid, ils restaient là et volaient dans la maison. Au grand bonheur de mes filles.

Quand j’ai proposé le sujet des reptiles aux éditions du Chêne, les femmes ont poussé des cris. Le serpent fait peur. Après, quand elles ont vu la beauté, les couleurs, les formes, les reliefs, elles ont accepté, et ont même mis un serpent en couverture.

Pour ce projet, je suis allé dans un magasin qui vend des animaux exotiques pour les passionnés de terrarium. Ils avaient plein de serpents et de lézards. J’ai installé mon studio chez eux dans une grande salle. C’était un peu compliqué, je ne pouvais pas toujours manipuler les serpents tout seul, ils pouvaient mordre. J’ai fait une série de serpents non venimeux. Je suis également allé dans un musée où le propriétaire les manipulait car ils étaient venimeux.

Un jour, un crotale que je photographiais de près a crocheté mon pare-soleil. J’ai juste entendu « bing »… C’est allé très vite, c’est extrêmement rapide ! Heureusement, je m’étais protégé les doigts avec du plexiglas.

Quand on voit les risques que prennent les photographes animaliers en nature, moi ce n’est rien, c’est le seul risque que j’ai pris.

Je n’ai pas le prestige du type qui est allé au bout du monde, moi c’est dans mon jardin, dans mon salon.

Je ne cherche pas la gloire pour moi, je cherche la gloire pour ce que je photographie. J’essaie de mettre en valeur au mieux l’animal. J’éclaire ce que je veux éclairer, je me mets à son niveau, je le mets en valeur au maximum. C’est pour lui. Je le photographie sur un fond noir, comme un bijou.

Vous avez obtenu une belle reconnaissance en entrant dans la collection Photo Poche, une référence.

On m’a proposé d’être publié dans Photo Poche en 2010. Comme c’est un petit format, ça ne m’inspirait pas, je préfère les grand formats. Je ne savais pas ce que ça représentait, ce sont mes proches qui m’ont interpellé. C’est une reconnaissance dans l’histoire de la photographie : ça a été un moment fort et inattendu de mon parcours. J’étais le premier photographe naturaliste à entrer dans la collection. On n’était peu nombreux dans ce domaine quand j’ai commencé.

On me considère comme un photographe alors que je suis d’abord un naturaliste. Mon but c’est de montrer : regardez comme la nature est belle !

 

Photo Poche Paul Starosta Grenouille

Quatrième de Couverture du Photo Poche n°129 Paru en octobre 2010 Monographie (broché) Paul Starosta (Auteur) Valérie Chansigaud (Préface)
Biologiste de formation, il est devenu l’un des maîtres de la photographie naturaliste. Ses photographies de végétaux, d’animaux et de minéraux constituent depuis plus de trois décennies la matière scientifique et poétique d’une quarantaine de publications éditées dans le monde entier.
Site Internet https://www.paulstarosta.com/
A propos

Soins énergétiques et massages bien-être à Montélimar (Drôme). Enfants, Ados, Adultes.

Bénédicte Radal
Thérapeute créative et voyageuse, en reliance avec le sacré, j'explore depuis plus de 20 ans les méthodes alternatives de soin et de bien-être.

Rubriques

Bénédicte Radal

Psycho-énergéticienne & Massothérapeute à Marsanne (26)